Eglise paroissiale Saint Cyr et Sainte Julitte des Mathes

France > Nouvelle-Aquitaine > Charente-Maritime > Les Mathes

L'église est vouée à sainte Julitte (ou Julienne) et à son fils, saint Cyr, tous deux martyrisés au début du 4e siècle. On sait peu de choses de l'église des Mathes avant le 19e siècle. Elle devait présenter un simple plan en croix latine, un chevet en arc segmentaire et une façade occidentale surmontée d'un petit campanile. Au début du 18e siècle, l'ingénieur du roi Claude Masse indique que l'église a été reconstruite en 1685. L'église est mentionnée par exemple en 1686 lorsqu'il s'agit de lui réunir la paroisse de Dirée (aujourd'hui hameau de la commune d'Arvert) ; ou bien lorsqu'elle sert de lieu d'inhumation à des notables, comme le curé Jacques de Verneuil, inhumé en 1722. Le cimetière catholique qui l'entoure est bénit le 20 mai 1756, de même qu'une cloche le 9 juin 1761, suivie par une autre (encore en place de nos jours), en 1788.

L'église est fermée au moment de la Révolution, et son mobilier est inventorié, saisi et en partie détruit en 1794. Érigée en "temple de la Raison", elle sert de lieu d'assemblée de la nouvelle municipalité. Au Concordat de 1801, l'ancienne paroisse des Mathes est rattachée à Arvert. D'importantes réparations sont réalisées à l'église en 1818. Une des poutres de la charpente porterait encore l'inscription suivante : "Fait par moi, Chaumete, maçon, l'an 1818, par les soins de M. J. Patour, maire, et des habitants de la commune". L'église apparaît sur le plan cadastral de 1824, avec son plan en croix latine terminé par son choeur en hémicycle. Elle est alors entourée par le cimetière. A l'ouest, la façade doit présenter un simple mur pignon, avec probablement un campanile pour abriter la cloche de 1788.

La question de l'état de l'église, très mauvais, revient sur le devant de la scène lorsque la paroisse des Mathes est recréée en 1853. On commence par la doter d'une petite sacristie, sur le côté sud du choeur, mais elle s'avère vite insuffisante, humide et insalubre. Une seconde sacristie est alors construite sur le côté nord du choeur, à l'automne 1859. La même année, on améliore les abords de l'église en achevant le mur de clôture du cimetière, sur son côté nord, laissé en attente depuis la réalisation du reste de la clôture en 1845.

Très vite, c'est l'ensemble de l'église qui est jugée insuffisante pour abriter tous les fidèles. En attendant une reconstruction totale, et hypothétique, de l'édifice, on commence par agrandir la nef de 5,5 mètres vers l'ouest (sur deux travées d'ouvertures) et surtout par élever un clocher-porche, avec une flèche d'abord envisagée en bois, puis en pierre. Initié par le curé Réaux, le projet est conçu dès 1867 par l'architecte Aimé Bonnet, de Saint-Jean-d'Angély (qui a réalisé en 1866 un autre clocher, presque identique, celui de Chenac, à Chenac-Saint-Seurin-d'Uzet). Le clocher envisagé est cependant jugé disproportionné, et la présence du cimetière autour de l'église complique les travaux. Sur ce dernier point, un compromis est trouvé avec la préfecture : le mur d'enceinte du cimetière est reconstruit et le cimetière réduit de manière à dégager l'entrée de l'église. Aimé Bonnet livre un nouveau projet de clocher le 29 septembre 1868. Les travaux, d'un montant de 14.700 francs (dont 4000 payés par le curé, 4000 par la commune, 5000 par l'Etat et 1700 par une souscription des habitants), sont adjugés le 20 juin 1869 à Pierre-Nicolas Fort, entrepreneur à La Tremblade. La première pierre du clocher est posée le 1er mai 1870, et les travaux sont achevés en janvier 1871, puis réceptionnés en février 1872.

Le curé Réaux ne se satisfait pourtant pas de la construction du clocher et milite pour l'agrandissement de l'église dans son entier, voire pour sa reconstruction complète. En 1871, il confie à l'architecte Bonnet le soin de concevoir l'allongement du choeur, la surélévation de la partie de la nef qui ne l'a pas été en 1870, et la création de murs pignons aux bras du transept. L'objectif est de placer dans le nouveau choeur les stalles destinées aux chantres et aux enfants des écoles, stalles qui encombrent jusqu'à présent le transept. Le projet est toutefois jugé trop cher par la municipalité qui s'oppose alors au curé Réaux puis, à partir de 1873, à son successeur, l'abbé Renaud. En juillet 1878, Bonnet en appelle à l'arbitrage de l'évêque, en vain. Il présente de nouveaux plans le 11 janvier 1880, prévoyant toujours l'allongement du choeur, la surélévation de la nef et du transept. On se contente finalement de remédier aux défauts de raccordement entre la partie ancienne de la nef et la nouvelle construite avec le clocher en 1870 ; de refaire la toiture, en très mauvais état ; et de refaire les sept baies de la partie ancienne de l'église, sur le modèle de celles réalisées sur la partie ouest de la nef en 1870. Les travaux sont adjugés le 10 décembre 1882 à Auguste Giron, entrepreneur de maçonnerie aux Mathes.

En 1893, le cimetière est transféré à la sortie est du bourg, dégageant les abords de l'église. Une place publique est aménagée en 1907, avec création d'une clôture en bornes de pierre reliées par des tubes en fonte. Les travaux sont supervisés par M. Mathieu, architecte à Royan. Concernant l'église, une troisième grande campagne de travaux concerne la charpente, endommagée par les termites. En 1903, Mathieu propose de construire une voûte en béton armé, comme à Mortagne-sur-Gironde, mais le projet, trop coûteux, est écarté. Mathieu revoit sa copie et, le 15 février 1910, il propose de créer une nouvelle charpente en bois, de la masquer par une voûte en plâtre, et enfin de surélever la partie des murs de la nef qui ne l'avait pas été en 1870. Les travaux sont adjugés le 23 octobre 1910 à Hippolyte Béran, entrepreneur aux Mathes, et ils commencent le 1er avril 1911. Maurice Carré, peintre à Royan, intervient aussi dans l'opération au cours de laquelle on procède aussi au remplacement des chaises, du dallage et à la restauration des autels latéraux. Pendant les travaux, le culte est célébré dans le préau de l'école privée de filles, rue du Clapet. Cette campagne de travaux s'achève par la pose d'une nouvelle horloge, en octobre 1912, réalisée par la fabrique d'horloges Lussault, de Marçay (Vienne).

D'importants réaménagements sont réalisés dans les années 1970, sous la houlette de l'abbé Paul Travers, curé de 1957 à 1977. L'essentiel des travaux est financé par la municipalité et par l'abbé Travers qui organise des quêtes et festivités, et verse le produit de la vente de son livre d'histoire En pays d'Arvert. Le projet, qui correspond aux nouveaux principes édictés par le concile Vatican II, est confié en 1973 à Marc Quentin, architecte à Royan. Les ornements du choeur, le maître-autel et les statues sont déposés, les murs sont piquetés. Réalisé en sapin rouge, par un compagnon du Tour de France, M. Barbotin, menuisier à Saujon, un lambris vient recouvrir l'ancienne voûte en plâtre. De nouveaux bancs et un nouveau dallage sont également posés. Les travaux sont réceptionnés le 17 octobre 1975. Le 30 novembre, l'évêque de La Rochelle vient inaugurer la "nouvelle" église.

En 1984, les murs extérieurs de l'église sont à leur tour dégagés de leur crépi. Un carrelage de grès rouge est posé dans l'allée centrale. A cette occasion, des ossements, accompagnés d'une épée, sont mis au jour puis replacés. Fragilisé par la tempête de décembre 1999, le clocher est renforcé et restauré en 2002.

Périodes

Principale : 3e quart 19e siècle, 4e quart 19e siècle, 1er quart 20e siècle

Dates

1870, daté par source

1910, daté par source

Auteurs Auteur : Mathieu C.

Architecte à Royan au début du 20e siècle.

, architecte (attribution par source)
Auteur : Bonnet Aimé

Architecte de la Ville de Saint-Jean-d'Angély dans la seconde moitié du 19e siècle. Réalise notamment de nombreuses écoles. Père de Arthur Bonnet, également architecte.

, architecte (attribution par source)

L'église est située au coeur du bourg des Mathes, au carrefour entre plusieurs de ses principales rues. Présentant un plan en croix latine, elle comprend une nef, sans bas-côtés, et un transept, compris entre un clocher-porche et une abside. Deux sacristies prennent place dans les angles formés par les bras du transept et l'abside. Des tuiles plates couvrent l'abside, et des tuiles mécaniques la nef. La nef et l'abside, construites en moellons apparents, sont percées de baies en plein cintre, dont deux ont été murées lors de la construction des sacristies.

Le clocher-porche est entièrement construit en pierre de taille, sous une flèche également en pierre de taille, encadrée par quatre pinacles. Le clocher-porche s'appuie contre la façade occidentale de la nef, elle-aussi en pierre de taille et encadrée par des contreforts. Les trois premiers niveaux du clocher-porche sont de la même façon soutenus par des contreforts d'angles qui contribuent à donner de la hauteur à l'édifice. Chaque niveau, séparé des autres par des bandeaux, est percé de baies de forme différente : des arcs en plein cintre, retombant sur des colonnettes à chapiteaux sculptés, au premier niveau, celui du porche ; des roses au second niveau ; d'étroites baies en plein cintre au troisième niveau ; des baies en plein cintre jumelées, réunies par des rouleaux qui retombent sur des modillons en forme de têtes humaines, au quatrième et dernier niveau. Une horloge signée "Lussault frères / Marçay" (Vienne), est visible sur le côté nord-ouest du clocher.

L'intérieur de l'église se distingue par son lambris, souligné par une corniche moulurée en bois, et qui couvre l'intégralité de la nef et du choeur. Des plafonds plats couvrent les deux bras du transept qui ouvrent sur la nef par de larges baies en plein cintre. Le mur occidental de la nef, contre lequel s'appuie le clocher-porche, est masqué par une tribune en bois, soutenue par deux colonnettes en métal. Au-dessus de la tribune, une baie en plein cintre donne accès au second niveau du clocher.

Murs
  1. Matériau du gros oeuvre : calcaire

    Mise en oeuvre : moellon

  2. Mise en oeuvre : pierre de taille

Toits
  1. tuile plate, tuile mécanique
Plans

plan en croix latine

Étages

1 vaisseau

Couvrements
  1. lambris de couvrement cul-de-four
Couvertures
  1. Type de couverture : flèche en maçonnerie

    Forme de la couverture : toit à longs pans

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Charente-Maritime , Les Mathes , place Charles De Gaulle

Milieu d'implantation: en village

Lieu-dit/quartier: le Bourg

Cadastre: 1824 B 686, 2009 AA 155

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